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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 10:16

 

FRANCE-LIBYE
Les dangers de l'externalisation de l'asile

L'Union européenne se barricade et délocalise le contrôle de ses frontières en confiant à des États tiers la mission de protéger les demandeurs d'asile. La Libye est son nouveau sous-traitant.


L'Union européenne (UE) s'est fixé comme priorité pour 2012 la mise en place d'un régime d'asile européen commun (RAEC) fondé sur une procédure d'asile commune aux États membres et un statut uniforme pour les réfugiés.
Parallèlement, l'UE entend accroître l'imperméabilité de ses frontières en soustraitant à des pays tiers le contrôle des flux migratoires à destination de l'Europe et le traitement des demandes d'asile. C'est ce qu'on appelle la dimension extérieure de l'asile ou externalisation, qui devient une composante-clé de la politique européenne de voisinage.

QUAND L'EUROPE SOUS-TRAITE LA PROTECTION DES RÉFUGIÉS

Ce processus d'externalisation s'est accéléré à partir de 2004, avec la création de l'agence Frontex, bras armé du contrôle à l'extérieur des frontières européennes, qui mène des opérations terrestres et d'interception maritime en Méditerranée. Les formes concrètes prises par l'externalisation varient selon les pays avec lesquels elle est négociée. L'UE les aide à financer des camps de détention pour les migrants et leur apporte des aides financières et techniques pour les contenir à l'extérieur des frontières européennes.
Les conséquences en sont désastreuses. Les migrants se cachent pour échapper à la police locale dont les interventions musclées sont parfois meurtrières. Ils sont incités à emprunter des routes toujours plus dangereuses pour éviter les contrôles. Entre 1988 et 2008, 15 000 personnes seraient mortes au cours de leur exil vers l'Europe.
En Libye, ceux qui sont arrêtés - femmes et enfants compris - sont parqués dans des camps militarisés fermés et sont généralement soustraits à la protection des droits fondamentaux dont ils devraient normalement bénéficier s'ils étaient sur le territoire de l'UE. La loi libyenne ne prévoit aucune limite à la durée de la détention.

LA LIBYE, NOUVELLE TERRE D'ACCUEIL DES DEMANDEURS D'ASILE ?

L'UE négocie actuellement avec la Libye un programme de coopération qui prévoirait notamment l'aménagement de camps de transit où seraient détenus les demandeurs d'asile. Les demandes d'asile seraient examinées sur place par le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) et non plus sur le sol européen.
Selon le HCR, la situation en Libye est pourtant « effrayante » et le pays « n'est pas en mesure d'établir un espace de protection pour les demandeurs d'asile de bonne foi ». La Libye n'est même pas partie à la Convention de Genève relative au statut des réfugiés.
De plus, rien n'oblige les États européens à accueillir ceux reconnus réfugiés par le HCR. Ces derniers pourront ainsi demeurer indéfiniment sur le territoire libyen, sans protection réelle.

> Zoom
- ASSASSINATS D'EXILÉS SOMALIENS PAR LA POLICE LIBYENNE

Le 10 août 2009, des gardiens de la prison de Ganfuda, dans le désert libyen, ont ouvert le feu sur un groupe d'exilés somaliens et nigérians qui tentaient de s'échapper de la prison par la grille laissée ouverte. 20 Somaliens ont été tués. Près d'une heure après, les gardiens se sont vengés sur les autres migrants détenus en les passant à tabac.
Cet évènement est symptomatique du traitement réservé aux migrants, détenus parfois pendant plusieurs années dans des conditions inhumaines. Ils sont enfermés dans des cellules surpeuplées, humiliés, battus, voire torturés à l'électricité s'ils osent contester leurs conditions de détention.
Ces migrants ont pour seul tort d'avoir fui leur pays et emprunté la longue et dangereuse route de l'exil pour trouver refuge en Europe.

 

Appel du mois de Mai 2010 de l'ACTION DES CHRETIENS POUR L'ABOLITION DE LA TORTURE

www.acatfrance.fr   Rubrique "Agir avec l'ACAT"

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