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17 août 2010 2 17 /08 /août /2010 10:03

Ne pouvant ouvrir les frontières, écoutons ce que nous dit l'Afrique par la voix de Tiken Jah Fakoly Ft.

Changeons notre regard.

http://www.dailymotion.com/video/x2xkzf_tiken-jah-fakoly-ft-soprano-ouvrez_music

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31 juillet 2010 6 31 /07 /juillet /2010 21:20

Une interview récente sur RCF (émission "Visages") "Alain Richard, franciscain. Une vie dans le refus de la violence".

 

L'action, qui vise à «éveiller les consciences» sur les centres de rétention, vient des franciscains, et notamment du P. Alain Richard, 85 ans.

 

Cet ancien des Brigades de la paix internationales au Guatemala, cofondateur en 1989 de Pace e Bene, un service franciscain de non-violence et de critique de la culture, veut ainsi lancer « un appel pour qu'émergent des solutions plus respectueuses de l'être humain que ces centres où sont enfermés des gens dont le seul crime est d'être venus chez nous. »

 

Cliquez ici pour écouter l'interview sur RCF.

 

Vous pouvez aussi lire cet article de La Croix.

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19 juillet 2010 1 19 /07 /juillet /2010 08:06

Nous relayons l'appel de : L'ACAT-France ; du CCFD Terre solidaire ; FEP Fédération Entraide Protestante ; La CIMADE ; le Secours Catholique qui s'inquietent du nouveau projet de réforme du droit des étrangers.

Suivre le lien pour consulter leur argumentaire.

link

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8 juillet 2010 4 08 /07 /juillet /2010 21:37

Les chaises longues de l’été rennais occupent la Place de la Mairie. Une escouade de militants de la CGT distribue des tracts sur la réforme des retraites. Un drôle d’automate amuse les chalands. La foule, bigarrée et alourdie de soleil, passe, l’esprit visiblement ailleurs, sans doute déjà en vacances. C’est l’été et cela ressemble presque à la canicule… Le Cercle
de silence s’est réfugié, ce mercredi 7 juillet, dans l’ombre de la Maison commune…


Pas facile, ce témoignage en silence, à cette époque de l’année ! La veille, pourtant, Ouest-France avait fait le point sur les trois ans du Centre de rétention administrative de Saint-Jacques-de-la-Lande. Trois ans déjà… Les deux interviewées, bien placées pour parler du sujet, laissent comprendre que cet établissement -qui n’est certes pas une prison mais qui y ressemble tellement…- connaît un renforcement des mesures sécuritaires. Plusieurs femmes s’y trouvent en ce début juillet, dont une a dû être hospitalisée d’urgence…


En début d’après-midi, ce mercredi, l’une d’elles parle de son interpellation. C’est une grand-mère, venue du centre de l’Afrique. Ses quatre petits-enfants, dont elle s’occupait quotidiennement jusqu’il y a dix jours, sont Français, de père aussi blanc que moi… Elle ne comprend pas…

 

La foule passe sans voir nos panneaux, aussi multiculturelle que… l’équipe nationale allemande… Mais les joueurs de foot de haut niveau ont bien de la chance : ils ont leurs papiers, eux… en règle… Selon que vous êtes princes ou manants…

 

Dans deux mois, une nouvelle loi veut porter -réglementation communautaire oblige, affirme-t-on- la durée possible de « rétention » (détention ?) de 32 à 45 jours… L’opinion va-t- elle se mobiliser ou pas ? Comment secouer la torpeur de l’été ? Pardon, vous avez dit : « Présomption d’innocence » ? Mais cela dépend tellement du soleil sous lequel vous êtes nés…


Dix-neuf heures, le Cercle de silence se disperse. La foule, elle, continue de passer. Indifférente ? Non informée ? Impuissante ? « Dites-moi, comment ça va au Tour de France ? »…
« Vous reprendrez bien une chaise longue… »

 

 

                                                                                                                                            Paul.

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28 juin 2010 1 28 /06 /juin /2010 09:11

Donnons une heure de nos vacances, poursuivons notre action. Le cercle de silence se formera en juillet et  en août, pourquoi ne pas y venir en famille ou avec des amis ?

 

Notez la prochaine date :

MERCREDI 7 JUILLET 2010
de 18h à 19h Place de la Mairie à RENNES

Entrez et formez le cercle avec nous, même pour quelques minutes, nous avons besoin de votre soutien.
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28 juin 2010 1 28 /06 /juin /2010 08:54
Hausse de tensions ces derniers jours au Mesnil-Amelot

Depuis le week-end dernier, le centre du Mesnil-Amelot a connu deux tentatives de suicide. Deux personnes se sont également tailladé le corps, et plusieurs retenus sont tombés malades à la suite d'un repas de qualité très douteuse.

Ces événements ont suscité l'indignation de nombreuses personnes. Des témoignages de retenus recueillis par téléphone ont circulé par email, des appels à mobilisation sont en train de voir le jour.

Présente à l’intérieur de ce centre dans le cadre de sa mission d’aide à l’exercice effectif des droits des retenus, La Cimade tient à faire part publiquement de ses propres observations sur ces événements.

L'« intoxication alimentaire » dont certains retenus ont été victimes a été un élément traumatisant pour tout le monde, déclencheur d'angoisse dans un lieu déjà largement anxiogène.

Au delà des crispations autour des difficultés matérielles de la rétention, La Cimade s’inquiète tout particulièrement de cette escalade de violence quotidienne que les retenus retournent contre eux-mêmes face à la violence institutionnelle de cet univers carcéral.

En l'espace de quatre jours, au Mesnil-Amelot, ce sont deux personnes qui ont tenté de se pendre. L'un a été libéré le lendemain suite à son hospitalisation. Le second a quant à lui été embarqué vers la Chine sans avoir pu faire valoir ses droits, ayant passé la quasi totalité de ces deux jours de rétention à l'hôpital. Deux autres personnes se sont auto mutilées en se tailladant le corps. L'une est toujours au centre de rétention, l'autre a été libérée le 22 juin.

Ces dernières semaines, les intervenants de La Cimade ont rencontré au Mesnil-Amelot :
- un demandeur d'asile qui venait d'arriver en France ;
- un ressortissant Européen ;
- des personnes interpellées en toute illégalité ;
- des étrangers malades que l'administration a voulu expulser ;
- un Congolais qui avait de telles craintes en cas de retour que la Cour Européenne des Droits de l'Homme a ordonné à la France de suspendre son éloignement ;
- un étranger victime de la double peine ;
- une personne âgée vivant en France depuis 20 ans ;
- des parents d'enfants scolarisés en France ;
- un futur papa ;
- un concubin de Française ;
- des personnes issues de pays en situation de conflit généralisé (Sri-Lanka, Palestine, Irak, Afghanistan, Somalie)...

Ces situations révèlent les conséquences d'une politique qui considère l'enfermement des étrangers comme un instrument banal, alors qu'il ne peut produire que violations des droits et de la dignité des personnes.

Nous craignons que de telles situations se multiplient dans le nouveau complexe carcéral qui est en train de voir le jour au Mesnil-Amelot, puisque demain ce ne seront plus 140 personnes qui y seront retenues quotidiennement, mais 380. Et ce, sans compter qu'un projet de loi examiné au mois de septembre prochain risque d'allonger plus encore la durée de rétention...


Source : CIMADE 25 juin 2010

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28 juin 2010 1 28 /06 /juin /2010 08:40

 

Quand le vuvuzela conduit en rétention…

Il est arrivé tout penaud dans mon bureau, arborant un maillot vert et orange aux couleurs de la Côte d'Ivoire, couleurs qui tranchent avec le gris des barbelés et du ciel du centre de rétention...Le regard rempli de la tristesse de la défaite...pas celle de son équipe (qui a fait match nul m'apprend-t-il), mais la sienne.

Mardi 15 juin, Château d'Eau. Devant un écran géant la foule se presse pour assister au match qui va commencer. Beaucoup de supporters du Portugal, beaucoup de supporters de la Côte d'Ivoire aussi. Tous ensembles. La tension monte, le coup d’envoi approche. Chacun a son vuvuzela, nouvel instrument dont ignorions tous l'existence jusqu'au premier match bourdonnant de cette coupe du monde. Instrument devenu le symbole du triomphe de tout un continent…


Le match va commencer dans 15 minutes. La foule est en effervescence, en couleur, et vibre au son du vuvuzela. Mais des inconnus s’invitent dans la foule. Eux ne sont pas en vert et orange, mais en bleu et blanc…pas ceux de l’équipe de France, mais ceux de la police. Des dizaines de vuvuzelas se pressent dans la foule, mais un seul n’est pas souhaité : celui de Monsieur Y.… « Vos papiers s’il vous plaît ». Il s’en faut de peu pour ne pas provoquer l’hystérie des compatriotes ivoiriens qui ne comprennent pas ce qu’il se passe. Mais Monsieur Y. est calme : il connaît les policiers du 10e arrondissement. C’est la fête, la Côte d’Ivoire va jouer son premier match de la Coupe du Monde, tout va bien se passer. Il suit les policiers à l’écart de la foule.


On lui reproche d’avoir un vuvuzela… Lui implore qu’on le laisse au moins regarder le match, qui va commencer bientôt. Mais sait-on jamais…qui peut dire ce qu’est capable de faire un ivoirien avec un vuvuzela…Bon, les supporters blancs du Portugal qui ont tous leur vuvuzela aussi, eux on sait que ça ne risque rien. Mais les ivoiriens !!

Interpellé, placé en garde-à-vue, puis en rétention, en vue d'une expulsion...Ce n'est pas vraiment ce type de soirée qu'avait espéré passer Monsieur Y.... « Mais ça va, heureusement que la Côte d’Ivoire n’a pas perdu sinon ça aurait été vraiment une soirée catastrophique ».

Monsieur Y. reconnaît : « c’est vrai que c’est pas très agréable comme bruit, le vuvuzela ».


Est-ce suffisant pour caractériser une tentative d’infraction ? Ou bien c’est de supporter la Côte d’Ivoire qui est une infraction ?


M. Y. a finalement été libéré par le juge des libertés et de la détention de Meaux qui a sanctionné une erreur de procédure et ordonné sa remise en liberté. Comme nous nous y attendions, il n’a pas sanctionné cette grossière interpellation, mais une tout autre erreur de procédure.


Mais bon, M. Y. est  libre, c’est déjà ça…et a sans doute plus que jamais encouragé la Côte d’Ivoire !

 

Par un intervenant de La Cimade au centre de rétention du Mesnil Amelot

 

Témoignages de la cimade de juin 2010

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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 10:16

 

FRANCE-LIBYE
Les dangers de l'externalisation de l'asile

L'Union européenne se barricade et délocalise le contrôle de ses frontières en confiant à des États tiers la mission de protéger les demandeurs d'asile. La Libye est son nouveau sous-traitant.


L'Union européenne (UE) s'est fixé comme priorité pour 2012 la mise en place d'un régime d'asile européen commun (RAEC) fondé sur une procédure d'asile commune aux États membres et un statut uniforme pour les réfugiés.
Parallèlement, l'UE entend accroître l'imperméabilité de ses frontières en soustraitant à des pays tiers le contrôle des flux migratoires à destination de l'Europe et le traitement des demandes d'asile. C'est ce qu'on appelle la dimension extérieure de l'asile ou externalisation, qui devient une composante-clé de la politique européenne de voisinage.

QUAND L'EUROPE SOUS-TRAITE LA PROTECTION DES RÉFUGIÉS

Ce processus d'externalisation s'est accéléré à partir de 2004, avec la création de l'agence Frontex, bras armé du contrôle à l'extérieur des frontières européennes, qui mène des opérations terrestres et d'interception maritime en Méditerranée. Les formes concrètes prises par l'externalisation varient selon les pays avec lesquels elle est négociée. L'UE les aide à financer des camps de détention pour les migrants et leur apporte des aides financières et techniques pour les contenir à l'extérieur des frontières européennes.
Les conséquences en sont désastreuses. Les migrants se cachent pour échapper à la police locale dont les interventions musclées sont parfois meurtrières. Ils sont incités à emprunter des routes toujours plus dangereuses pour éviter les contrôles. Entre 1988 et 2008, 15 000 personnes seraient mortes au cours de leur exil vers l'Europe.
En Libye, ceux qui sont arrêtés - femmes et enfants compris - sont parqués dans des camps militarisés fermés et sont généralement soustraits à la protection des droits fondamentaux dont ils devraient normalement bénéficier s'ils étaient sur le territoire de l'UE. La loi libyenne ne prévoit aucune limite à la durée de la détention.

LA LIBYE, NOUVELLE TERRE D'ACCUEIL DES DEMANDEURS D'ASILE ?

L'UE négocie actuellement avec la Libye un programme de coopération qui prévoirait notamment l'aménagement de camps de transit où seraient détenus les demandeurs d'asile. Les demandes d'asile seraient examinées sur place par le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) et non plus sur le sol européen.
Selon le HCR, la situation en Libye est pourtant « effrayante » et le pays « n'est pas en mesure d'établir un espace de protection pour les demandeurs d'asile de bonne foi ». La Libye n'est même pas partie à la Convention de Genève relative au statut des réfugiés.
De plus, rien n'oblige les États européens à accueillir ceux reconnus réfugiés par le HCR. Ces derniers pourront ainsi demeurer indéfiniment sur le territoire libyen, sans protection réelle.

> Zoom
- ASSASSINATS D'EXILÉS SOMALIENS PAR LA POLICE LIBYENNE

Le 10 août 2009, des gardiens de la prison de Ganfuda, dans le désert libyen, ont ouvert le feu sur un groupe d'exilés somaliens et nigérians qui tentaient de s'échapper de la prison par la grille laissée ouverte. 20 Somaliens ont été tués. Près d'une heure après, les gardiens se sont vengés sur les autres migrants détenus en les passant à tabac.
Cet évènement est symptomatique du traitement réservé aux migrants, détenus parfois pendant plusieurs années dans des conditions inhumaines. Ils sont enfermés dans des cellules surpeuplées, humiliés, battus, voire torturés à l'électricité s'ils osent contester leurs conditions de détention.
Ces migrants ont pour seul tort d'avoir fui leur pays et emprunté la longue et dangereuse route de l'exil pour trouver refuge en Europe.

 

Appel du mois de Mai 2010 de l'ACTION DES CHRETIENS POUR L'ABOLITION DE LA TORTURE

www.acatfrance.fr   Rubrique "Agir avec l'ACAT"

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29 mars 2010 1 29 /03 /mars /2010 22:27
Notez la date du prochain cercle de silence :
MERCREDI 7 AVRIL 2010
de 18h à 19h Place de la Mairie à RENNES
Entrez et formez le cercle avec nous, même pour quelques minutes, nous avons besoin de votre soutien.
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6 mars 2010 6 06 /03 /mars /2010 09:32

18 février 2010 

Ce texte est issu d'un ouvrage collectif sur la rétention administrative, qui sera publié en septembre 2010 aux Editions Actes Sud.

Tant que nos frères marcheront


On me dit que je ne serai plus dedans. Que demain, c’est le dernier jour. Qu’après celui-là, il n’y en aura plus d’autre. Après, je ne serai plus dedans, me dit-on sans tenir compte du théorème de Bonnefoy : ici peut devenir là-bas, sans cesser d’être

Nous avons pénétré l’impénétrable. Dans un sens, et dans l’autre. Dehors, dedans, dehors à nouveau, puis dedans encore. Nous nous sommes déplacés sur les frontières. La frontière, là, juste là… celle entre la fin du trottoir et le début de la grille électrique, sous les caméras. La frontière entre ceux qui ont éprouvé la rétention dans leur corps et dans leur temps et ceux qui sont autour. La frontière entre la loi et la justice. La frontière entre la zone libre, et la zone d’enfermement. Et c’est en nous tenant sur ce milieu-là qui nous sectionne, que nous avons sans doute éprouvé, et vécu ce qu’il y a de plus universel en nous-mêmes et en chacun.

 

Oui, de ce côté de la grille, l’Homme est Homme. D’où qu’il vienne, Bhoutan, Tchétchénie, Brésil, Chine, Ethiopie, Roumanie, il est le même quand il est cerné de murs. D’où qu’il vienne, prison, squat, pavillon, campement, hôpital, aéroport, il est le même quand il se voit voler son espérance, trésor de l’Humanité. Les centres de rétention : des entrepôts au bord d’une falaise. Oui, de ce côté de la grille, nous avons été avec eux, pour la Cimade et nous avons vu du monde. Et puis de plus en plus de monde. Et toujours plus. Jusqu’à ce que nous ne voyions même plus les visages.

 

Pourtant aucun rythme ne pourra nous éloigner de ce que nous avons à dire : il y a ceux qui arrivent pour la première fois en rétention. Ceux qui trouillent comme des fous et que la trouille empêche complètement d’écouter et de comprendre ce qu’on leur explique. Ceux que la trouille élève et mobilise, et qui ont naturellement les réactions  les plus efficaces. Ceux qui ont une trouille à vous insuffler des tonnes d’énergie.

 

Ceux qui savent que les nuits sont indormables ici, et qui voudraient, au moins dans leurs rêves, pouvoir disposer d’eux-mêmes. Il y a ceux qui ont traversé la Lybie, le Liban, la Turquie et la Grèce et dont l’élan a aboli la peur. Ceux qui ont confiance en leur étoile, Allah ou le consul. Ceux qui sortent de prison et qui sont presque heureux en rétention. Oui, vous pouvez téléphoner ici. Oui, vous pouvez avoir de la visite ici. Ici, c’est génial. Une fois les premiers jours passés, ils comprennent ce qu’est la double peine et ils deviennent en colère.

 

Il y a ceux qui se rassurent en prenant soin des autres retenus. Il y a ceux qui sont ultra polis avec les flics et qui se marrent à leurs blagues. Ceux qui pensent que la jovialité et le respect vont peser en leur faveur. Ceux qui passent leur temps à demander du crédit aux autres retenus, pour appeler leur famille. Ceux qui n’ont pas d’autre famille que leurs collègues du foyer avec qui ils cassent la pierre depuis trente ans. Ceux qui dépendent du ministère des Maliens de l’extérieur.

 

Il y a ceux qui écarquillent les yeux quand on leur dit que la police ne va pas les relâcher et que la rétention, c’est vraiment, sérieusement, sans rire monsieur, dans le but de vous expulser. Y’a ceux qui viennent vous voir toutes les heures pour vous dire qu’ils voudraient bien faire la même chose que monsieur X. " L’appel… moi aussi je veux le faire. Moi aussi, je veux aller à l’hôpital. Moi aussi, je veux sortir. Vous avez fait sortir monsieur Diarra, faites-le aussi pour moi ".

 

Y’a ceux que vous ne voyez même pas, parce qu’ils sont expulsés dans la nuit qui suit leur arrivée : ils ne sont rien de plus qu’une photo sur le trombinoscope du lendemain matin. Y’a ceux qui arrivent dans votre bureau d’un pas rapide et décidé et qui vous disent : " Madame, je veux écrire à Nicolas Sarkozy, je suis compagnon d’Emmaüs et j’ai fait l’Afghanistan ".

 

Y’a ceux qui n’en reviennent pas d’être là et qui gesticulent en boucle. " Mais toute ma famille est française ?!?! " Ceux qui ne comprennent pas ce que vous leur expliquez parce qu’ils sont non-francophones, perdus ou psychotiques. Ceux qui, quand vous leurs demandez comment ils ont été arrêtés, éprouvent le besoin de commencer d’abord par raconter tout le reste, en vrac. Ceux qui posent des questions. Ceux qui écoutent silencieusement et qui secouent la tête tristement en disant : " ah la belle France… ". Y’a ceux qui abattent leur contact RESF ou CGT comme un As sur la table. Ceux qui pleurent. Leurs épaules se relèvent quand on leur dit qu’ils sortiront le lendemain parce qu’il y a un vice de procédure. Des tournesols face au soleil. Y’a ceux qui avalent leur brosse à dent ou des morceaux du cadran de leur montre. Ceux qui déposent sur le bureau, une valise de documents. Vingt cinq ans de fiches de paye, vingt cinq ans d’impôt. Ils sont là depuis début Mitterrand.  Depuis le décès de Truman Capote. Il y a ceux qui ont un choc cognitif.

 

Il y a ceux qui n’en sont pas à leur première rétention. Deux, neuf ou dix-sept fois. Ils ont été enfermés sous d’autres lois, dans plusieurs centres, en 91, en 2002. Ils ont une connaissance de l’histoire de la rétention. Il y a les très habitués, ceux qui cachent sous leur sourire d’habitué, une amertume qui creuse leurs joues et leur âme. Y’a ceux dont les " Madame je vous en supplie… " sont fonction du degré de rage ou de désespoir. Y’a ceux qui sont amorphes. Y’a ceux qui sont professeur de physique-chimie et ceux qui viennent d’avoir 18 ans. Ceux qui sont handicapés. Ceux qui ont quatre enfants. " Fatou, Aissatou, M’Baye et Bintou. Ils vont tous à l’école à Asnières, Madame. Ce sont de bons enfants, ils ont besoin de moi ". Ceux qui sont chrétiens d’Algérie et qui ont la trouille parce que leurs co retenus sont tous musulmans. Ceux qui ont été arrêtés pendant qu’ils conduisaient leur mère à sa chimio. Ceux qui ont été arrêtés alors qu’ils tentaient de voler le sac d’une vieille veuve orpheline ruinée et malade.

 

Il y a ceux qui vous racontent comment la police angolaise a versé de l’acide dans leurs oreilles de Cabindais. Ceux qui ont été maçons pour la ville et qui ont participé à la rénovation de la Tour Eiffel. Ceux qui ont été arrêtés en caleçon et qui arrivent au centre en caleçon. Ceux que vous revoyez tous les trois mois et qui arrivent  de moins en moins à construire leur vie. A chaque passage en rétention, c’est une ride en plus, le dos un peu plus courbé, l’œil moins vif. A chaque passage en rétention, la marque de l’étouffement s’imprime plus profondément en eux.

 

Il y a ceux qui allaient juste se marier. Vendredi ou le mois prochain. La robe, les bagues, et les invités étaient prêts. Ceux qui passent l’entretien à être appelés sur leur portable par leur amoureuse. " Mais pleure pas chérie, demain le juge, c’est bon, j’te jure ". Ceux qui jouent aux dames avec des bouchons de bouteilles en plastique pour s’occuper.

 

Y’a ceux qui se taillent les veines le premier jour. Y’a ceux qui chauffent les flics pour passer leur nerfs. Ceux qui restent calmes, qui ne disent jamais rien et qui sont libérés en silence. Y’a ceux qui ont besoin de prendre soin de vous et qui vous payent un thé au distributeur pendant que vous rédigez leur recours. Y’a ceux qui parlent une langue dont vous n’avez jamais entendu le nom avant de les rencontrer. Y’a ceux qui pleurent en écoutant. Ceux qui écoutent en pleurant. Toutes ces informations. On leur dit " Il va vous arriver ça, puis ça et ensuite ça. Il faudra dire ça, vous pouvez demander ça. Pour ça il vous faut un passeport, pour ça il vous faut un avocat. Pour ça, il vous faut de nouveaux éléments. Pour vous, ça ira très vite ". Y’a ceux qui prennent ça à bras-le-corps, qui s’organisent. Ceux qui se fanent un jour après l’autre, au fur et à mesure, ils deviennent effrayés, résignés ou hystériques. Ceux qui essayent de se pendre avec le chargeur de leur téléphone. Y’a ceux qui ont une combine avec le consulat. Ceux qui préfèrent l’expulsion à l’enfermement. Ceux qui préfèrent la mort à l’expulsion. Ceux qui ont besoin de l’expulsion parce qu’ils veulent rentrer chez eux et n’ont pas d’argent pour le billet.

 

Il y a ceux qui passent leur temps à prier. Il y a ceux qui se regroupent par nationalité et ceux qui se regroupent par niveau de gravité estimé de leur situation. Il y a ceux qui sont seuls parce qu’ils sont le seul Vietnamien du centre. Personne ne parle leur langue, à eux. Seuls tout le temps. Y’a ceux qui se font apporter par des visiteurs du shampoing, des gâteaux ou du shit. Des gâteaux pour tenir le coup. Mais rien de fait maison, hein ! De la nourriture dans un emballage fermé, sinon les flics confisquent.  Il y a ceux qui voudraient lire mais ne peuvent pas. Les livres sont interdits.

 

Ceux qui se cognent la tête contre les murs jusqu’à ce qu’il y ait du sang partout, et que les flics mettent en isolement comme si cela pouvait les neutraliser. Y’a ceux qui disent qu’ils ont 16 ans alors qu’ils en ont 45. Ceux qui s’appellent Abdelkader ou Jean-Eudes. Ils y a ceux qui vous captivent par leur récit et ceux qui vous apprennent un morceau du monde dans lequel vous vivez.

Y’a ceux qui ont des crises de terreur, ceux qui ont été dénoncés par leur banque ou par la caissière de la Fnac. Ceux qui ont été interpelés pour avoir pris le couloir de métro en sens interdit. Ceux qui ont été arrêtés pour avoir pivoté de la tête à la vue des flics, ce qui constitue un début de soupçon de quoi que ce soit. Le soupçon permanent. Il y a ceux qui sortent de 12 ans de taule parce qu’ils ont fumé un gars. Il y a ceux dont le premier enfant naît alors qu’ils se trouvent en rétention : dans le bureau de la Cimade, on cherche à créer l’illusion… on leur paye un thé en discutant comme si de rien n’était du poids du bébé, et de comment va la maman.

 

Il y a ceux qui ne veulent pas vous voir pendant les quatre premiers jours et qui soudain veulent faire un recours quand le délai est dépassé. Il y a ceux qui sont en uniforme et qui obligent les autres à rester enfermés.

Il y a ceux qui vous demandent : " ils vont quand même pas utiliser la force, non, dites madame, ils n’ont pas le droit de nous frapper hein, ici c’est la France, hein ? ". Il y a ceux pour qui on sait tout de suite ce qu’on va faire et comment on peut le faire. Ceux dont la situation se révèle au fil des jours et des contacts. Ceux qui viennent de la rue et qui suffoquent parce qu’ils n’ont jamais vu de mur. Ceux qui vont mourir si on les renvoie dans leur pays. Ceux qui sont vraiment morts après avoir été expulsés.

 

Ceux qui jouent au babyfoot ou qui font des pompes tout le temps. Y’a ceux qui annoncent devant vous à leur mère qu’ils ont échoué et qu’ils rentrent menottés au pays : leur voix fière et sereine tient la route le temps de l’appel, s’éteint aussitôt qu’ils raccrochent et ils s’effondrent devant vous. Ceux qui ne comprennent pas pourquoi le consulat leur délivre un laissez-passer sans même les avoir rencontrés. Il y a ceux qui se cachent dans les placards pour que les flics ne les trouvent pas au moment du départ vers l’aéroport.

 

Ceux qu’on ne connaît que par le briquet qu’on leur tend dans la cour quand ils veulent allumer une cigarette. Ils préfèrent nous demander plutôt qu’aux flics. Y’a ceux qui vous font penser à votre oncle paternel… les mêmes yeux ! Ceux qui ont gardé le ticket de caisse des couches qu’ils ont acheté l’année dernière à leur bébé, juste au cas où la préfecture leur demanderait de prouver qu’ils aiment vraiment leur enfant français. Ceux qui dorment depuis quatre ans, une valise à côté de leur lit. Ceux qui disent " c’est fini pour moi, j’en peux plus, c’est fini… je ne peux plus supporter ça ". Il y a ceux qui s’évadent de l’enclos par des méthodes ingénieuses, qui prennent leur liberté sans attendre qu’on la leur rende. Ceux qui se mettent tout nus au milieu de la cour. Ceux qui demandent à parler au chef de centre directement.

 

Ceux qui ont peur du juge et qui se taisent. On leur dit : " vous avez le droit de parler, n’hésitez pas, ne vous laissez pas impressionner par le juge, la salle et l’audience ". Ceux qui se défendent comme des lions et qui s’adressent au magistrat comme s’il était un passant. Ceux qui le mettent face à ses responsabilités. Il y a ceux qui ont les clés des portes et qui se demandent ce qu’ils foutent là, à enfermer des gens juste parce qu’ils sont étrangers.

 

Il y a les toxs foutus, les engagés politiques, les pères de famille, les étudiants, les sortants de prisons. Ceux qui se la pètent parce qu’ils ont un super avocat qu’ils payent super cher et qui leur a juré 100% qu’il les ferait sortir. Il y a ceux qui bossent pour une association qui connaît les étrangers, ils se présentent à tous les nouveaux arrivants en leurs disant : " alors moi je travaille pour une association qui s’appelle La Cimade, je ne suis pas la police, je suis là pour vous aider et vous expliquer où vous êtes, ce que vous pouvez faire pour vous défendre, et comment les choses peuvent se passer ". Ceux-là parfois, ont la tristesse. Ca se voit à l’œil nu. La tristesse du fond du ventre qui vient quand on a senti le froid obscur du désespoir d’un frère. Ils ont la hargne jusqu’à faire chier le préfet de l’Aube à l’aube, le week-end et les jours fériés.

 

Il y a ceux qui arrivent dans le bureau à 9 heures du matin, le visage endormi, bouffi par la nuit, et qui nous font nous demander comment on dort quand on ne voit pas demain. Ceux qui viennent discuter de l’Histoire des relations entre le Mali et la Côte d’Ivoire avec vous dans le bureau, quand vous avez un peu de temps. Ceux qui sont prostrés. Ceux qui ont été tabassés. Ils arrivent dans la zone de vie, une marque de ranger trônant sur leur torse. Ceux que les flics ont sortis du lit conjugal, laissant leur femme sans voix, sans geste et sans famille. Ceux qui téléphonent à leurs enfants : " tu travailles bien à l’école, hein ? Papa ne sait pas quand il va revenir à la maison, mais tu travailles bien… ".

 

Il y a ceux dont on se dit, pendant qu’ils nous racontent comment leur femme a été coupée en rondelle par les rebelles, " purée, qu’il est beau, ce mec ! ". Il y a ceux qui s’occupent de la santé des retenus et qui leurs filent des cachets abrutissants pour que l’embarquement se passe plus calmement. Ceux qui font une grève de la faim tellement ils sont indignés de ce qu’on leur fait subir. Il y a ceux qui nous agacent sans qu’on sache pourquoi. Ceux qui attrapent des boutons sur toute la figure dès le premier jour à cause de l’angoisse. Ceux dont la libération nous fait monter les larmes tellement on a eu peur avec eux, tellement on s’est mobilisé du cerveau, du temps et de l’âme. Y’a ceux qui ont été traducteur officiel de la préfecture au tribunal, et qui se retrouvent devant le même tribunal pour leur propre expulsion.

 

Ceux qui n’ont personne à appeler pour prévenir qu’ils sont enfermés. Ceux qui ont marché des milliers de kilomètres et qui sont en France depuis à peine quelques jours : accueillis par des barbelés. Il y a des ingénieurs, des vendeurs de pneus. Des ouvriers, des sociologues, des fils de Président. Des employés de cirque, des écrivains de pièces de théâtre. Il y a ceux qui sont en danger, en tristesse ou en colère. Ceux qui sont en perplexité. Y’a ceux qui trouvent qu’on ne fait rien pour eux. Y’a ceux qui payent 3000 euros un avocat véreux qui ne viendra jamais au tribunal pour les défendre.

 

Là-bas, il y a ceux qui gravent le numéro de téléphone de leur avocat à l’ongle sur leur savon parce qu’ils n’ont pas droit à du papier ou des stylos. Ceux qui sont chiants, à faire le contraire de ce qu’on leur explique, ceux qui ont fait des trucs tellement dégueulasses dans leur vie qu’on n’ose même pas se demander s’il faut les défendre ou pas. Ceux qui ne sont choqués par rien, sauf par le fait de devoir demander un nombre précis de feuilles de papier toilette pour pouvoir aller chier. Ceux qui ont refusé trois fois d’embarquer et qui ont le nez pété tellement ils ont dû bagarrer avec leurs muscles et leur volonté. Ceux qui vous draguent " eh madame Cimade, quand je serai sorti d’ici, vous viendrez prendre un café avec moi ? ".

 

Ceux qui arpentent la cour de promenade de long en large à grande vitesse. Vous le savez, vous ? Pourquoi ces mecs marchent aussi vite comme ça, en aller-retour permanent, alors qu’ils n’ont rien d’autre à faire qu’attendre ? Il y a ceux qui ont des cernes le lendemain de leur arrivée : parce qu’ils ne sont pas encore habitués au comptage de nuit. Dans certains centres, ils sont réveillés toutes les demies heures, une lampe de poche policières braquée sur leur visage : " numéro 798, t’es là ? " Il y a ceux dont la famille se met à hurler dans la salle d’audience du tribunal de grande instance. Ceux qui sont libérés une heure avant leur vol. Il y a ceux dont la situation n’est pas exceptionnelle, dont on a oublié le nom et pour qui on n’a rien pu faire.


De cela nous pouvons témoigner.

On me dit que demain, je serai dehors. Mais moi… je sais bien que je serai encore dedans une fois que j’aurai passé la frontière pour la dernière fois. Je serai encore dedans, tant que je chercherai les mots du témoignage, tant que je chercherai le chemin sur lequel les transmettre.

Demain, c’est le dernier jour. Une libération pour un Soudanais du sud Darfour par la Cour européenne des droits de l’Homme se profile pour la fin de la matinée. Ce sera une belle journée.

 

A 18 heures, j’irai déposer tous les dossiers, les jurisprudences, les recours, dans les locaux de La Cimade. Alors sans jamais oublier les nuits d’où poussent ses ailes, sans oublier la main de chaque Homme qu’elle a saisie ici, elle les rangera dans les armoires qui la constituent, dans son identité non identifiable et continuera à marcher avec… tant que nos frères marcheront.

 

Eve-Marie Chrétien (ancienne intervenante de La Cimade au centre de rétention de Massy Palaiseau).

 
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