Immigration irrégulière : pour une réponse collective !

Premier avril, premier mercredi du mois, Place de la Mairie, à Rennes, 18h... A peine le « Cercle de silence » (manifestation non-violente d’information sur l’existence des Centres de rétention administrative) en place, un couple m’interpelle devant le panneau « Fraternité ». Le propos est rude : Soyez logique... Etes-vous prêt à accueillir l’un de ces fraudeurs chez vous ? Car ces sans-papiers ne sont rien d’autres que des fraudeurs... Et (allusion au panneau) de quels comportements dégradants parlez-vous ?

Je ne suis pas un débatteur. J’essaye d’expliquer la misère, la faim, l’exclusion politique... Rien n’y fait. Le couple me cite l’ancien Premier ministre Michel Rocard :"La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde !"

Mais voilà qu’une étudiante s’interpose : le matin, elle était devant la préfecture pour soutenir Inès, une étudiante tunisienne menacée d’expulsion (voir O.-F. du 2 avril 2015). Le ton monte. Le couple se retire. L’étudiante me salue chaleureusement. Je reprends la distribution des flyers...

Je suis un piètre débatteur. Mais l’incident me donne à réfléchir... Trop tard, bien sûr ! Je repense à ce que nous disait Jean-Marie Delarue, alors Contrôleur général des lieux de privation des libertés : Contrairement à la détention, la rétention est anxiogène, car le retenu, qui n’a commis aucun crime, ne sait pas quel va être son avenir immédiat. Voilà le traitement dégradant : mettre quelqu’un dans une situation anxiogène !

Quant à la mise en question de nos comportements privés, l’argument est-il vraiment de bonne foi ? Car ce qui est en cause n’est-ce pas d’abord la gestion publique de l’immigration irrégulière, gestion qui nous engage en tant que citoyens ? Et la réponse, même si nous pouvons saluer l’action de Bienvenue ! (association rennaise d’accueil à domicile de demandeurs d’asile), peut-elle être seulement individuelle ?

C’est la gestion collective de cette situation, où est engagée la défense des droits de l’homme, qui est en cause. Certes, la Déclaration des droits de l’homme est un horizon qui, sans doute, ne peut être atteint que pas après pas. Mais elle est bien l’horizon de notre démocratie et sa défense motive notre action : informer ! De façon non-violente, faut-il le souligner !

Paul Bosse-Platière (Cimade)

Oui, triste en effet, car en dépit des efforts et des condamnations, le gouvernement persiste et ne trouve comme réponse aux problèmes de l'immigration que l'enfermement dans les Centres de Rétention Administrative prélude à l'expulsion.

Le temps du silence, le temps du cri...

Je reprends ici les propos de Paul Bosse-Platière, membre animateur du cercle de silence de Rennes, écrits dans d'autres circonstances" ( manifestation pour la Paix en Palestine)
"Dans la manifestation de samedi, il y avait un panneau proclamant : « Le silence tue ! » Je le comprends : il est impossible de se taire devant l’intolérable ! Mais certains slogans sont réducteurs... " Ces propos sont aussi valables ici quand se déroule sous nos yeux cette banderolle de 17306 noms, ceux des migrants morts ces 20 dernières années alors qu'ils tentaient d'entrer en territoire Européen.

Il y a des drames et des situations intolérables que d'aucun se refusent à voir mais qui sautent aux yeux en parcourant cette liste.

Allons nous, nous aussi, continuer à faire comme si rien ne se passait ?
Nous vous invitons, mercredi prochain, 4 mars, de 18h à 19h, Place de la Mairie de Rennes, à vous arrêter pour rendre hommage à ceux qui figurent sur cette funeste liste.
A former avec les membres du collectif d'associations un cercle de silence pour alerter et signifier notre refus de cette politique d'immigration et de ses dérives.

Savez-vous que près de chez vous, à St Jacques-de-La-Lande, il y a un Centre de Rétention Administrative (aussi appelé C.R.A.) ?
A première vue cela ressemble à une prison, mais, il paraît que s'en n'est pas une ? du simple fait que les personnes enfermées ici sont simplement retenues (entendez privées de liberté)

Parce ces étrangers contreviennent administrativement à la loi ("ils sont sans papiers"), sans qu'ils aient commis de délit ils sont placés en CRA par décision préfectorale, sans qu'il n'y ait eu de jugement pour qu'ils puissent faire valoir leurs droits. Ils y attendent souvent une mesure d'éloignement du territoire national.

Si vous voulez voir le CRA, par vous même, (seulement l'extérieur, parce qu'on n'entre pas sauf si l'on a rendez-vous ), prendre le bus de la STAR Place de la République, ligne 57, en direction de ST Jacques-de-la-Lande / Bruz et descendre à "Aire Libre / Aéroport" ou à "Station Météo" (CRA Rue Jules Vallès St Jacques-de-La-Lande)

C’est derrière des barreaux du centre de rétention administrative (CRA)de Toulouse que Visan fête son deuxième anniversaire. Enfermé depuis 9 jours au prétexte que ce serait nécessaire pour expulser sa mère en Roumanie ? LIRE
La Cimade demande au président de la République et au gouvernement la libération immédiate de ces enfants et de leurs parents. La France a déjà été condamnée en 2012 par la Cour européenne des droits de l’homme pour cette politique qui viole l’interdiction des traitements inhumains et dégradants, le droit à la liberté, à la sûreté et le droit au respect de la vie familiale.

Il faut mettre un terme définitif à l’enfermement des enfants en rétention.